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Là-bas...
Là-bas, c'est ici, là où je vis depuis près de cinq ans.
Là-bas, ça donne l'impression de lointain, comme si j'avais choisi le bout du monde comme lieu de vie.
Là-bas, c'est donc ici, à deux heures de Bruxelles... est-ce donc si loin?
Peut-être bien que c'est loin, effectivement, ce monde-ci est à tant d'années lumière de celui que j'ai quitté!
Ici donc: Le ciel ce matin se dégage peu à peu des nuages sombres qui l'encombraient depuis plusieurs jours.
Il y a du bleu qui s'étend et de la lumière ensoleillée qui s'avance. A un mois de l'hiver les journées se font courtes et denses, il y a tant à faire à la lumière du jour!
A un mois de l'hiver les couleurs de l'automne se tarissent peu à peu. Les arbres perdent leurs dernières feuilles à la moindre caresse du vent et dans la forêt dépouillée on voit loin maintenant, il n'y a plus que d'innombrables troncs surmontés de branches nues qui se dressent sur un épais tapis de feuilles mortes.
Là-bas, c'est ici, c'est chez moi, et chez moi c'est le rêve de toute une vie que je vis maintenant au quotidien, bien éveillée, bien consciente de l'immense chance de le vivre enfin.
Chez moi c'est donc le bout du monde adossé à la forêt. Une fermettedans laquelle je m'abrite les jours de pluie et les nuits, une petite maison où vivent mon fils et son père et un demi-hectare de terrain où paissent mes deux brebis, mes deux chèvres et mes deux ânesses, où s'ébattent mes poules et mes oies, et où se promènent et chassent mes chats.
Chez moi, c'est aussi le poulailler, les étables et cagibis divers où s'abritent les animaux. C'est la paille, c'est le foin.
C'est encore le potager et les arbres fruitiers.
Chez moi, c'est l'image paisible que je vois à l'instant même où je l'écris de mes deux ânesses, l'une debout, l'autre couchée au beau milieu de la prairie, tranquilles et entourées des poules qui picorent et des oies.
Dans l'autre prairie ce sont les brebis qui somnolent et ruminent couchées dans l'herbe devenue rare et rase alors que les chèvres se nourrissent de foin à l'intérieur de leur abri.
C'est aussi cet espace grand ouvert, si vaste et si calme où cohabitent prairies, routes et forêts.
D'ici je distingue le village, le clocher de l'église, la grand route et la forêt française à l'horizon.
Chez moi, c'est le silence et j'adore ce silence qui m'entoure, mais est-ce bien le silence? Par rapport à la fureur pétaradante de la ville, oui, c'est ici le silence.
Ce silence, pour moi, c'est la possibilité que j'ai ici d'entendre les respirations de la nature qui m'entoure.
Le chant des oiseaux, les rapaces qui chassent, le hululement des chouettes, l'aboiement des chevreuils, le cri des renards, et parfois le grommellement des sangliers.
Le silence c'est le frémissement des arbres de la forêt si proche, des feuilles mortes qui jonchent le sol, c'est le vent, c'est le chant de la pluie.
J'aime ce silence, il contient l'essence même de la vie.
1 commentaire:
Que c'est joliment dit !
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